Vers une économie bleue au Maroc : comment l’océan peut soutenir un développement durable et circulaire

Introduction :

Face au désert, l’océan. Face à la sécheresse, les marées. Le Maroc, bordé par près de 3 500 kilomètres de côtes atlantiques et méditerranéennes, possède un potentiel marin colossal. Pourtant, la mer est souvent absente des grands récits de transition écologique. Elle reste cantonnée à la pêche, au tourisme côtier, ou aux discours patrimoniaux. Mais aujourd’hui, l’heure est venue de penser l’océan autrement : comme levier de souveraineté économique, de justice sociale et de régénération écologique. L’économie bleue marocaine pourrait être bien plus qu’un slogan. Elle pourrait devenir une stratégie.

L’économie bleue, c’est quoi ?

C’est un modèle qui vise à utiliser les ressources marines et côtières de manière durable, en créant des emplois locaux, en valorisant les écosystèmes, et en réduisant les impacts environnementaux. Cela englobe :

  • La pêche durable et artisanale.

  • L’aquaculture responsable.

  • Les énergies marines renouvelables.

  • La biotechnologie marine.

  • Le tourisme éco-côtier.

  • La régénération des zones humides et lagunaires.

Pêche artisanale : première sentinelle de la mer

Des milliers de petits pêcheurs vivent encore au rythme des marées, sur des barques légères, souvent sans assurance ni visibilité économique. Et pourtant, ce sont eux qui préservent les équilibres, qui connaissent les cycles du poisson, qui vivent la mer comme un partenaire. Les soutenir, c’est soutenir une écologie vivante et une économie ancrée :

  • Coopératives côtières avec traçabilité numérique.

  • Aires marines gérées localement.

  • Labels de pêche responsable adaptés au contexte marocain.

Innovation bleue : quand la mer devient source d’énergie et de matière

Le Maroc peut développer des filières innovantes :

  • Éoliennes offshore intelligentes.

  • Production d’algues pour l’alimentation, les cosmétiques, les bioplastiques.

  • Dessalement bas-carbone avec IA prédictive pour la demande en eau.

  • Recyclage des déchets marins et portuaires.

Mais cela suppose des investissements publics ciblés, un cadre juridique clair, et des passerelles entre chercheurs, entrepreneurs et communautés côtières.

Préserver pour produire : écologie et économie ne s’opposent pas

La surexploitation actuelle des ressources marines ne peut plus durer. Zones mortes, disparition de certaines espèces, pollution plastique… L’économie bleue ne sera durable que si elle repose sur la régénération. Cela implique :

  • Des plans de replantation de posidonies et d’algues.

  • La dépollution des estuaires.

  • La gestion intelligente des flux touristiques.

Conclusion : penser l’océan comme un allié

Le Maroc peut devenir un leader de l’économie bleue en Afrique. Mais cela suppose un changement de regard : ne plus voir l’océan comme un espace à exploiter ou à décorer, mais comme un territoire de souveraineté partagée, de lien, de futur. L’économie bleue n’est pas une extension du modèle actuel. C’est une bifurcation. Un autre pacte avec le vivant salé.

Car chaque vague qui frappe nos rivages porte en elle une leçon de rythme, de patience et de régénération. Écoutons-la.

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