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Introduction : Une école, des racines durables

Dans un Maroc en pleine transformation verte, les jeunes générations ne peuvent plus se contenter d’un apprentissage déconnecté des urgences écologiques. Les métiers dits « verts », qu’ils concernent l’énergie, l’agriculture régénérative, le traitement de l’eau ou encore la conception bioclimatique, constituent désormais une réponse à la fois économique, éthique et structurelle à la crise du XXIe siècle.

Mais quelles sont les écoles qui, dès aujourd’hui, préparent activement les enfants et les jeunes Marocains à ces carrières d’avenir ?
Et surtout : quelles compétences faut-il rechercher chez un élève formé à la Green Tech ?

Dans cet article, nous vous proposons une liste pratique et contextualisée d’établissements et de programmes éducatifs innovants, déjà actifs sur le territoire marocain, qui forment à ces métiers en émergence. Nous y associerons une analyse des savoirs concrets à développer dès l’école primaire jusqu’aux cycles supérieurs, en passant par les initiatives extrascolaires.

1. Pourquoi former dès l’enfance aux métiers verts ?

« La transition écologique ne peut réussir sans une transformation cognitive et émotionnelle de nos enfants »
Driss El Yazami, sociologue, conférence IRES sur l’éducation climatique, 2023

L’éducation environnementale ne doit plus être considérée comme un module secondaire dans les programmes. C’est un socle. Car il ne suffit plus d’apprendre à lire ou à coder : il faut aussi savoir régénérer, concevoir dans la limite du vivant, intégrer les conséquences systémiques de chaque innovation.

Des études menées par l’UNESCO (2022) montrent que les enfants exposés à des pratiques pédagogiques en lien avec la nature, les énergies renouvelables ou les projets communautaires adoptent plus facilement une posture de collaboration, de résilience et de résolution de problèmes complexes — autant de qualités centrales dans les métiers du futur.

3. Liste des écoles, lycées et programmes innovants au Maroc

Nous commençons maintenant notre liste — évolutive — d'établissements et d'initiatives concrètes au Maroc qui forment dès aujourd’hui à l’avenir durable.

1. IFMEREE — Institut de Formation aux Métiers des Énergies Renouvelables et de l’Efficacité Énergétique

📍 Oujda, Tanger, Benslimane

« Le Maroc n’a pas seulement besoin d’ingénieurs, mais de techniciens et de citoyens qui comprennent les enjeux énergétiques dès le secondaire. »
Hamid Bentahar, Président de la Confédération Nationale du Tourisme, Forum AFER 2024

Même si l’IFMEREE est initialement conçu pour des apprenants post-bac, l’institut a récemment lancé des ateliers pédagogiques dans plusieurs lycées techniques, notamment à Oujda et à Benslimane, avec le soutien de la GIZ allemande.

Exemples concrets :

  • Simulation d'installation de panneaux photovoltaïques dans les lycées techniques.

  • Ateliers Arduino pour mesurer la consommation énergétique en milieu scolaire.

  • Élaboration de mini-projets d'efficacité énergétique dans les bâtiments publics.

Compétences transmises :

  • Lecture de plans techniques solaires

  • Systèmes de gestion intelligente de l’énergie (micro-grid)

  • Sensibilisation aux normes ISO de performance énergétique

B. Lycée Mohammed VI de l’Excellence (Benguérir) – Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P)

📍 Benguérir, Province de Rehamna

Ce lycée d’élite, adossé à l’UM6P et à OCP Group, propose un programme pédagogique de haut niveau centré sur les sciences, la durabilité et la technologie. Il dispose de laboratoires d’expérimentation verte, d’un centre d’agriculture régénérative et d’un incubateur éducatif autour de la robotique.

Exemples concrets :

  • Projet de serre automatisée gérée par intelligence artificielle.

  • Hackathons de codage « climat & eau » entre élèves.

  • Projets de géolocalisation des zones à risque climatique avec capteurs embarqués.

Compétences transmises :

  • Intelligence artificielle appliquée à l’environnement

  • Codage Python pour données climatiques

  • Design biomimétique et prototypage 3D

Ce programme illustre parfaitement l’idée d’une “citoyenneté climatique augmentée”, où la technologie est au service de la régénération des écosystèmes.


C. Initiative “Écoles Vertes” – Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement

📍 Plus de 1800 écoles labellisées dans toutes les régions du Maroc

Ce programme labellise les écoles primaires et secondaires qui mettent en œuvre des pratiques environnementales concrètes : recyclage, jardins scolaires, gestion des déchets, économie d’eau, etc. Il s’agit d’une initiative inclusive qui vise les établissements publics en priorité, y compris en milieu rural.

Exemples concrets :

  • Compostage en classe et potagers biologiques.

  • Ateliers de récupération plastique pour en faire du mobilier scolaire.

  • Installations de capteurs de consommation d’eau pour responsabiliser élèves et parents.

Compétences transmises :

  • Écocitoyenneté active

  • Suivi des cycles naturels, principes de permaculture

  • Design durable et recyclage innovant

    D. Écoles rurales pilotes soutenues par l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain)

    📍 Régions : Tata, Zagora, Midelt, Azilal

    Dans plusieurs provinces à forte vulnérabilité climatique, l’INDH a soutenu la transformation de certaines écoles primaires en centres d’apprentissage écologique intégrés. Leurs objectifs : préserver les savoirs ancestraux liés à l’eau, à l’énergie solaire, aux plantes médicinales, et initier les élèves à des pratiques agricoles durables.

    Exemples concrets :

    • Formation aux fours solaires et à la cuisson écologique dans les écoles de montagne.

    • Mise en place de “madrassas vivantes” autour d’un jardin en permaculture.

    • Journées de collecte d’eau de pluie et expériences de stockage en jars traditionnels.

    Compétences transmises :

    • Autonomie énergétique locale

    • Gestion traditionnelle de l’eau (seguias, khettaras)

    • Valorisation des plantes indigènes et de la pharmacopée écologique

« C’est dans les marges rurales que naissent parfois les plus belles utopies pédagogiques. »
Entretien avec l’enseignante L. Boudouma, Tata, 2024

5. Go My Code (Casablanca, Rabat, Tunis)

📍 Casablanca / Rabat – Réseau panmaghrébin d'écoles numériques

Bien que non spécifiquement écologique, cette école numérique pour adolescents et jeunes adultes propose des formations technologiques hybrides orientées innovation responsable. Elle constitue un tremplin vers des métiers d’avenir en lien avec les capteurs climatiques, la modélisation des données ou encore la création de solutions logicielles au service du vivant.

Exemples concrets :

  • Projet de capteur IoT mesurant la pollution des oueds au printemps.

  • Hackathon régional sur la gestion des déchets dans les médinas.

  • Formation à la data visualisation pour le suivi des émissions de CO2.

Compétences transmises :

  • Langages Python, JavaScript, Node.js

  • Capteurs intelligents (Arduino, ESP32)

  • Cartographie participative avec QGIS et API open-source



Quelles compétences rechercher dans une école qui forme à la Green Tech ?

Lorsqu’un parent, un éducateur ou même un décideur souhaite identifier si une école prépare véritablement les enfants aux métiers de demain, il ne suffit pas de s’arrêter à des mots comme « durable » ou « écologique » dans le programme.

Voici les compétences spécifiques que tu devrais observer ou demander à propos :

1. Le codage appliqué à l’environnement
Les langages comme Scratch, Python ou Arduino permettent dès le plus jeune âge de développer une pensée algorithmique… mais aussi de créer des solutions concrètes : des capteurs de température, des systèmes d’arrosage intelligents, des outils de suivi des cycles solaires. Les écoles qui enseignent le codage dans un cadre lié à la nature montrent un engagement fort.

2. La gestion de l’eau et des sols
Une école tournée vers la transition enseigne l’importance de la ressource hydrique, de la conservation des sols, et initie les élèves à la permaculture, au compostage, ou aux techniques traditionnelles comme les khettaras ou les terrasses agricoles.

3. La fabrication numérique et les microtechnologies
Les enfants peuvent aujourd’hui apprendre à assembler des objets utiles à partir de composants simples (cartes Arduino, LED, petits moteurs). Lorsqu’ils créent des capteurs ou des modèles réduits d’éoliennes ou de filtres à eau, ils intègrent un savoir-faire low-tech applicable à leur environnement.

4. Le design circulaire et le biomimétisme
Certaines écoles proposent des activités où l’enfant doit concevoir un objet à partir de matériaux recyclés, ou observer la nature pour en tirer une inspiration fonctionnelle : par exemple, une feuille de nénuphar pour la gestion de l’eau, ou la carapace du scarabée pour la récupération de la rosée.

5. Les outils de modélisation écologique
Des plateformes comme Tinkercad, QGIS ou même Minecraft éducation peuvent être utilisées pour modéliser un jardin, une ville durable ou un bassin hydrologique. L’apprentissage de ces outils aide à faire le lien entre imagination, technologie et écologie.

6. La collaboration interdisciplinaire et le travail collectif
Les écoles qui valorisent les projets collectifs, les concours interdisciplinaires ou les ateliers collaboratifs développent chez les enfants l’empathie, la capacité à résoudre des conflits, et l’écoute — toutes essentielles à une gouvernance éthique et partagée des ressources futures.




Conclusion : Apprendre à réparer le monde, dès le premier âge

L’école ne peut plus être un sanctuaire neutre, coupée du vivant. Elle doit redevenir ce qu’elle fut parfois dans les moments les plus féconds de l’humanité : un lieu d’éveil, de lien avec les écosystèmes, un atelier de la pensée transformatrice. Au Maroc, malgré les défis d’accès, d’infrastructures ou de reconnaissance, plusieurs établissements pionniers œuvrent déjà dans cette direction, semant les graines d’une génération capable de conjuguer technologie et soin du vivant.

Ces enfants qui aujourd’hui programment une pompe solaire, recyclent leurs propres déchets ou modélisent un jardin communautaire, seront demain les ingénieurs poètes, les artisans programmateurs, les économistes des symbioses.

Et pour cela, ils n’ont pas besoin d’attendre l’université.

Ils ont besoin que leurs écoles — publiques ou privées, rurales ou urbaines — osent incarner dès maintenant cette transition pédagogique.

Si vous êtes parent, éducateur, membre d’un conseil communal ou simplement un citoyen concerné : posez des questions à l’école de votre quartier. Proposez des ateliers. Organisez une journée climat. Rejoignez les dynamiques existantes.

Et si vous connaissez une école ou un programme qui mérite d’être ajouté à notre carte des initiatives, écrivez-nous.
Nous mettrons à jour cet article au fil des contributions reçues.

« Former à la Green Tech ne consiste pas à faire des enfants des techniciens.
C’est leur transmettre la capacité de réparer le monde, sans oublier de le comprendre. »
Note au lecteur

Cette liste n’est pas exhaustive, et d’autres établissements — souvent discrets — intègrent des pratiques éducatives orientées vers la transition.